Paris, le samedi 12 mai 2012 – Quatre ans après des déclarations similaires, le ministre de la Santé Chinois a de nouveau récemment admis que la très grande majorité des organes transplantés en Chine proviennent de prélèvements réalisés chez des condamnés à mort. Derrière cette confirmation, est révélée en creux la totale inefficacité des programmes que Pékin a prétendu avoir mis en place il y a plusieurs années pour favoriser le don d’organe au sein de la population afin de mettre fin à cette pratique que dénonce partout à travers le monde la communauté médicale (tout en ne se résolvant pourtant pas à un boycott des équipes de transplanteurs chinois).
Le JIM qui a multiplié ces dernières années les articles sur ce sujet, tentant de percer à jour les incohérences et les hypocrisies du gouvernement de Pékin a interrogé une responsable d’Amnesty International, spécialiste de l’Asie sur ce sujet. Ses réponses confirment l’immobilisme du gouvernement chinois dans ce dossier et la difficulté de croire aujourd’hui plus sincères des promesses déjà maintes fois répétées et jusqu’à aujourd’hui demeurées lettre morte.
JIM : Quelles précisions pouvez vous nous donner sur les prélèvements d’organe chez les condamnés à mort chinois (nombre de personnes concernées, conditions de recueil des consentements, conditions de réalisation des prélèvements…) ?
Sarah Schafer pour Amnesty International : Nous ne sommes pas du tout convaincus que les condamnés à mort en Chine puissent réellement donner leur consentement quant à l’utilisation de leurs organes. Bien que les responsables des prisons et les autres autorités officielles affirment qu’elles ont obtenu leur consentement, nous ne pouvons considérer cela comme probant.
Le prélèvement d’organes : un frein à l’abolition de la peine de mort
Nous redoutons également que le fait de poursuivre le prélèvement des organes des condamnés à mort soit une entrave importante à l’abolition de la peine de mort dans ce pays. Or, selon notre rapport 2011 dédié à la peine de mort, publié il y a quelques semaines, nous avons estimé à « plusieurs milliers » le nombre d’exécutions en Chine l’année dernière. La Chine a ainsi exécuté plus de personnes l’année dernière que tous les autres pays du monde réunis. Si l’on excepte la Chine, 676 personnes ont été soumises à la peine de mort l’année dernière dans le monde.
JIM : Avez-vous constaté une amélioration de la situation ces dernières années ?
Sarah Schafer pour Amnesty International : En mars 2012, le vice ministre de la Santé chinois, Huang Jiefu a déclaré que la majorité des organes greffés en Chine provenaient de prisonniers exécutés. Et quelques jours avant, il avait affirmé que les autorités programmaient d’abandonner le recours aux organes de condamnés à mort dans les cinq ans à venir. Même si nous ne pouvons que saluer tout engagement visant à mettre fin à cette pratique, nous ne pouvons oublier que nous avons déjà entendu cette promesse ! En 2007, l’Association médicale chinoise et les autorités chinoises avaient déjà affirmé qu’ils abandonneraient cette pratique dans les cinq ans, mais aujourd’hui, cinq ans plus tard, il semble qu’elle ait toujours court et que les efforts réalisés aient été totalement inefficaces. En 2009, Huang Jiefu avait également considéré que cette méthode était inacceptable.
Programmes d’incitation au don d’organe : des résultats « très décevants »
La Chine a essayé dans les dernières années de mettre en place un programme pour augmenter le nombre de donneurs volontaires au sein de la population (en dehors des prisonniers) et le résultat a été très décevant, seulement quelques centaines de volontaires ont été recrutés. Aussi, si aujourd’hui, ils sont sincères en affirmant qu’ils vont de nouveau essayer de faire évoluer la situation, ils doivent présenter un plan construit et détaillé et ne pas se contenter d’annonces.
JIM : Existe-t-il des opposants à l’intérieur du pays qui militent pour la fin de ces pratiques ?
Sarah Schafer pour Amnesty International : Nous appelons Pékin à publier le nombre exact de condamnations à mort et d’exécutions, des données que la Chine considèrent comme devant rester secrètes. Une plus grande transparence sur le sujet permettrait au monde de connaître le nombre exact de personnes concernées. Surtout, le peuple Chinois a le droit de savoir combien d’exécutions sont réalisées chaque année et dans quelles conditions, afin de pouvoir avoir un vrai débat sur la peine de mort.
Aurélie Haroche
Vendredi 12 mai 2012
Journal International de médecine
http://www.jim.fr/e-docs/00/02/02/A5/document_actu_pro.phtml
Le JIM qui a multiplié ces dernières années les articles sur ce sujet, tentant de percer à jour les incohérences et les hypocrisies du gouvernement de Pékin a interrogé une responsable d’Amnesty International, spécialiste de l’Asie sur ce sujet. Ses réponses confirment l’immobilisme du gouvernement chinois dans ce dossier et la difficulté de croire aujourd’hui plus sincères des promesses déjà maintes fois répétées et jusqu’à aujourd’hui demeurées lettre morte.
JIM : Quelles précisions pouvez vous nous donner sur les prélèvements d’organe chez les condamnés à mort chinois (nombre de personnes concernées, conditions de recueil des consentements, conditions de réalisation des prélèvements…) ?
Sarah Schafer pour Amnesty International : Nous ne sommes pas du tout convaincus que les condamnés à mort en Chine puissent réellement donner leur consentement quant à l’utilisation de leurs organes. Bien que les responsables des prisons et les autres autorités officielles affirment qu’elles ont obtenu leur consentement, nous ne pouvons considérer cela comme probant.
Le prélèvement d’organes : un frein à l’abolition de la peine de mort
Nous redoutons également que le fait de poursuivre le prélèvement des organes des condamnés à mort soit une entrave importante à l’abolition de la peine de mort dans ce pays. Or, selon notre rapport 2011 dédié à la peine de mort, publié il y a quelques semaines, nous avons estimé à « plusieurs milliers » le nombre d’exécutions en Chine l’année dernière. La Chine a ainsi exécuté plus de personnes l’année dernière que tous les autres pays du monde réunis. Si l’on excepte la Chine, 676 personnes ont été soumises à la peine de mort l’année dernière dans le monde.
JIM : Avez-vous constaté une amélioration de la situation ces dernières années ?
Sarah Schafer pour Amnesty International : En mars 2012, le vice ministre de la Santé chinois, Huang Jiefu a déclaré que la majorité des organes greffés en Chine provenaient de prisonniers exécutés. Et quelques jours avant, il avait affirmé que les autorités programmaient d’abandonner le recours aux organes de condamnés à mort dans les cinq ans à venir. Même si nous ne pouvons que saluer tout engagement visant à mettre fin à cette pratique, nous ne pouvons oublier que nous avons déjà entendu cette promesse ! En 2007, l’Association médicale chinoise et les autorités chinoises avaient déjà affirmé qu’ils abandonneraient cette pratique dans les cinq ans, mais aujourd’hui, cinq ans plus tard, il semble qu’elle ait toujours court et que les efforts réalisés aient été totalement inefficaces. En 2009, Huang Jiefu avait également considéré que cette méthode était inacceptable.
Programmes d’incitation au don d’organe : des résultats « très décevants »
La Chine a essayé dans les dernières années de mettre en place un programme pour augmenter le nombre de donneurs volontaires au sein de la population (en dehors des prisonniers) et le résultat a été très décevant, seulement quelques centaines de volontaires ont été recrutés. Aussi, si aujourd’hui, ils sont sincères en affirmant qu’ils vont de nouveau essayer de faire évoluer la situation, ils doivent présenter un plan construit et détaillé et ne pas se contenter d’annonces.
JIM : Existe-t-il des opposants à l’intérieur du pays qui militent pour la fin de ces pratiques ?
Sarah Schafer pour Amnesty International : Nous appelons Pékin à publier le nombre exact de condamnations à mort et d’exécutions, des données que la Chine considèrent comme devant rester secrètes. Une plus grande transparence sur le sujet permettrait au monde de connaître le nombre exact de personnes concernées. Surtout, le peuple Chinois a le droit de savoir combien d’exécutions sont réalisées chaque année et dans quelles conditions, afin de pouvoir avoir un vrai débat sur la peine de mort.
Aurélie Haroche
Vendredi 12 mai 2012
Journal International de médecine
http://www.jim.fr/e-docs/00/02/02/A5/document_actu_pro.phtml